Elles étaient groupées pour entamer une chorégraphie. Toutes en lignes, bien à leur place, droites, concentrées, les pieds serrés, un sourire énigmatique aux lèvres. Mes Joconde des répétitions.
Elles étaient si belles, chacune différente de l’autre. Coiffures, silhouettes, tenues, âges, si authentiques dans leur élan d’exister, telles qu’elles existent, dans leur élan de danser, du mieux qu’elles pourraient, avec leurs tripes et leurs regrets.
Et j’ai compris en les regardant, j’ai compris ce que j’aimais tant dans les répétitions de danse. Dans ces loges de meufs en bazar. Joggings avachis sur sacs à mains chics, talons qui conversent avec des baskets colorées. Parfums de maquillage mousseux, poudrés. Même si on lutte contre les genres, la lumière rosée qui s’impose au-dessus de nos corps qu’on habille et déshabille.
Les conversations dans les couloirs sombres avant le spectacle, petites conversations libres et sans lendemain, mots et regards échangés de sœurs d’une soirée, de sœurs de scène, de sœurs que j’aurais tant aimées avoir tous les jours avec moi. Pour ne plus grandir seule dans le miroir. Tester des eye-liners. S’encourager dans le noir.

Loges, Théâtre Jean Vilar, spectacle pour les voeux du maire, janvier 2023. (Crédit Katrin Acou-Bouaziz)