Rentrée

J’ai eu besoin de temps, presque trois semaines pour rentrer.
Plus on part longtemps, plus on rêve, plus on s’éloigne, plus on peine à reglisser nos pas dans les empruntes qu’on avait laissées.
Les projets qui envoyaient tant de lumière, les habitudes et leur confort rassurant, les vêtements un peu plus épais, un peu plus gris. Tout ce quotidien suspendu, grillé sous le soleil qu’il a fallu remettre en mouvement. J’ai eu besoin de temps cette année. Jour après jour, un mail, une conversation, une affiche dans le métro, une émission. Nuit après nuit, replonger mes désirs dans un calendrier de l’après été, retrouver l’énergie enfouie sous le sable, celle des espoirs et de la ténacité, la sérieuse qui faisait semblant de dormir. Petit à petit, s’extraire de la saison préférée, s’en extraire sans y mourir.
Laisser son corps faire. Il sait où est l’école et comment poser le bisou sur les fronts. Il digère ses dernières prunes en rangeant la maison. Il trouve les lettres sur le clavier, sans les yeux, encore épris de liberté. Il marche à travers les lieux connus, s’enfle de parfums âpres de ville surchauffée, se regonfle d’espoir de renaître, de danser, encore. Il décline, docile, confiant, s’acclimate doucement, de pluie tiède en réunion, blanchit, faiblit, se ragaillardit. Il s’effondre puis se reprend. Retrouve l’extase des jours d’avant, les ciels fluos des terrains de foot, les roses perdues sur les murs sales et les gens, les gens, dans les bus, dans les bureaux, dans les restau, dans les métros, tous ces gens qui rêvent si bien tout haut.
J’ai eu besoin de temps, presque trois semaines pour rentrer. Me voilà enfin pleinement ici, fanée, prête à revivre. #rentree #mood #saisons